Bekha - Viens profiter de mes formes et de mon corps

❖ Elle adore les sucettes au citron. En fait, on pourrait dire qu'elle leur voue littéralement un culte. Elle en a toujours un paquet sur elle. Ne lui donnez pas de sucette à la fraise ou à l'orange, ça ne lui ira pas. C'est juste le citron. Quand elle est stressée ou fatiguée, elle en sort une et elle la suce jusqu'à la dernière miette.

❖ Chaque matin, quand elle se lève, elle commence par boire un grand verre d'eau tiède avec un peu de citron dedans, pour s'hydrater. Je vous ai dit qu'elle adorait le citron, non ?

❖ Chaque soir, avant d'aller se coucher, elle a le même rituel : elle se déshabille entièrement avant de commencer à faire couler un bain, puis elle profite de l'eau qui coule pour se laver les dents et se purifier le visage. Dans l'eau du bain, elle laisse couler ses larmes, celles qu'elle cache à tous durant la journée quand elle se déshabille pour survivre.

❖ Changeante, atypique, totalement lunatique. Trois petits mots qui définissent Rebekha à merveille. Cette jeune fille est sur la mauvaise pente depuis un petit moment, et le pire dans tout ça, c'est qu'elle en est parfaitement consciente, mais qu'elle a trop peur et trop de fierté pour l'avouer et demander de l'aide. Alors, elle s'enfonce, pas à pas, jusqu'au jour où il n'y aura plus de retour possible.

❖ Elle fume, boit et prend quelques drogues, histoire de se donner du courage. Lorsqu'elle couche avec un client, elle a toujours un flash des viols répétés de son père, mais elle se contente de serrer les dents et d'empocher l'argent. Elle n'a jamais eu le moindre orgasme de sa vie, mais elle simule bien.

❖ Lorsque vous arrivez à passer ses barrières, c'est une fille adorable, au coeur d'or, qui se mettrait en quatre pour vous. Mais, rares sont ceux qui y arrivent. Elle n'arrive pas à avoir de relation "normale" avec un homme à cause de son passé et elle a toujours tendance à les fuir et à s'en méfier dans sa vie privée. Par contre, elle a quelques amies femmes avec qui elle vit une vie tout ce qu'il y a de plus normal.



Ta vie est ce que tu en fais. Ni plus, ni moins. Donne un coup au cul du destin.

La naissance. C’est censé être un moment important, non ? Pas pour moi. Enfin, dans un certain sens, si. C’est le jour où j’ai tué ma mère. Mon premier meurtre, et je n’avais que quelques heures… ça n’a pas été le dernier, cependant, loin de là. Enfant, j’ai adoré tuer des insectes et ressentir ce sentiment de puissance en les écrasant sous ma chaussure. Le soucis, voyez vous, c’est qu’il n’y a pas tant d’insectes que ça, en Australie. Le climat est bien trop chaud pour ça. Ils se cachent. C’est dommage, vraiment dommage, car ça m’aurait permis de supporter les coups.

Mon père ne m’a jamais pardonné d’avoir tué ma mère. Alors, aussi loin que je me souvienne, il buvait et me frappait. Les marques noires sur mon corps après chaque série de coup, j’en ai pris l’habitude, m’habillant toujours de manches longues, et ne laissant personne voir mon corps. Si on l’avait découvert, voyez-vous, on m’aurait confié à une autre famille et… Même si je n’aimais pas celle que j’avais ici, je savais que ça ne durerait pas toujours. Et puis, on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne, vous savez… Déjà à cet âge si jeune, j’avais une sorte de recul et de détachement sur le monde qui effrayait certaines personnes. Alors, on m’a fait passer des tests à l’école, et on m’a trouvé le QI d’Einstein. Trop intelligente pour mon propre bien, visiblement. Alors, malgré le chaud, malgré la transpiration, je m'habillais de manches longues. Je travaillais dur. J'apprenais vite. On m'a fait sauter des classes. Et puis, cet homme est arrivé. Cet homme m'a testée, à la demande de ma maitresse.

Douze ans. Pour la première fois, j’avais quelque chose d’important à lui annoncer, à cet homme. J’étais intelligente. On m’a dit que je pouvais être astronaute ou scientifique, ou presque tout ce que je voulais. Et, quand je suis rentrée dans l’appartement, mon sourire sur les lèvres, il était effondré sur son canapé, une bouteille de vodka vide à ses pieds, et, il m’attendait. Je n’ai pas eu le temps de parler que j’ai compris que ça allait mal tourner pour moi. Il s’est levé et la rouste que j’ai prise n’a été qu’une rouste de plus. Et puis, il a baissé son pantalon.

- T’es assez grande maintenant.

Je ne me rappelle que des hurlements et de la douleur. Ça n’a pas duré très longtemps… je crois. J’ai vite senti quelque chose d’humide entre mes jambes et… Et il m’a laissée là, dans l’entrée, en larmes. Désormais, ce fut régulier. Les viols à répétition, les coups encore et encore… ça a duré quatre ans, quatre longues années et j’ai fini par trouver quelque chose pour me rebeller. Un soir qu’il était trop saoul pour se rendre compte de quoi que ce soit, je lui ai volé son argent et je suis partie. Je ne suis pas allée bien loin, cependant. L’homme au coin de la rue, un de ses amis m'a ramenée par la peau du cou. Il a réveillé mon père. Et puis, il est venu dans ma chambre, rond comme une queue de pelle, comme à son habitude. Et, ça a recommencé. Ils étaient deux, cette fois. Deux à me faire payer ma fuite. J'ai subit. Et puis, je suis à nouveau partie, au milieu de la nuit. J'ai utilisé l'argent, que j'avais réussi à atteindre la gare de la ville, j'ai pris un billet pour Sidney. Je suis partie.

J’ai vécu dans la rue une semaine, avant d’être ramassée par une femme qui m’a proposé de venir travailler pour elle. A cause de mon jeune âge, elle m’a proposé quelques passes le week end, le temps de finir mes études. J’ai accepté. J’ai vendu mon corps contre le gite et le couvert. J’ai eu mon diplôme. Je suis devenue majeure. Et, j'ai commencé à travailler. Dans un bar, comme serveuse, dans une maison de passe, et maintenant, au club. Je me déshabille, j'ondule, et je laisse les hommes désirer mon corps, encore et encore.

Aujourd’hui, j’ai un appartement sympathique, une vie tranquille. Je continue à vendre mon corps, bien que ce ne soit pas mon but premier. Mon passé n’est qu’un fait divers de plus. J’ondule au cœur de la mafia, j’écarte les cuisses quand il le faut, et mon sourire taquin sur mes lèvres m’ouvre toutes les portes. La surdouée d'autrefois a perdu tout espoir de se sortir de ce pétrin dans lequel elle se trouve aujourd'hui. Elle se contente d'éviter de se regarder dans la glace lorsqu'elle rentre chez elle.